Ce soir, à la nuit close mais avant onze heures, tu iras te poster devant la fenêre du balcon de ton bureau. Tu arrangeras la lampe sous laquelle tu travailles d’habitude, de façon à ce qu’elle éclaire directement ton visage et ton corps, tout en te laissant approcher le plus possible de la fenêtre.

Tu auras garde que la lumière ne t’aveugle complètement, car tu auras besoin de distinguer, au moins dans une certaine mesure, ce qui se passe un étage plus bas, dans la rue, et surtout sur les trottoirs. Ton torse devra toutefois demeurer généreusement éclairé. Tu te tiendras assez loin de l’interrupteur pour ne pas pouvoir éteindre d’un simple mouvement du bras. De toute manière, tu n’auras pas le droit d’éteindre avec la main.

Tu te procureras ensuite trois crayons, que tu assembleras bout à bout avec du papier adhésif, pour en faire une baguette d’environ quarante centimètres. C’est d’elle que tu te serviras, si tu dois appuyer sur l’interrupteur. Tu la poseras donc sur le bureau, à portée de main. Ensuite, tu te déshabilleras entièrement, en prenant ton temps. Puis tu caresseras tes seins, ton sexe.

Avec le café, tout proche, la grande rue passagère, dont on entend le trafic de chez toi, il est fort probable que plusieurs piétons passeront devant ta fenêtre – au moins le mur aveugle qui te fait face t’épargne-t-il des voisins immédiats. Tu pourras éteindre pour te dissimuler aux yeux des passants, mais tu devras aussi arrêter de te caresser tant que tu n’auras pas rallumé. Tu ne pourras pas quitter la fenêtre avant d’avoir joui deux fois.